WHAT'S GOING ON ? Mother, mother There's too many of you crying Brother, brother, brother There's far too many of you dying You know we've got to find a way To bring some lovin' here today - Ya Father, father We don't need to escalate You see, war is not the answer For only love can conquer hate You know we've got to find a way To bring some lovin' here today Picket lines and picket signs Don't punish me with brutality Talk to me, so you can see Oh, what's going on What's going on Ya, what's going on Ah, what's going on In the mean time Right on, baby Right on Right on Father, father, everybody thinks we're wrong Oh, but who are they to judge us Simply because our hair is long Oh, you know we've got to find a way To bring some understanding here today Oh Picket lines and picket signs Don't punish me with brutality Talk to me So you can see What's going on Ya, what's going on Tell me what's going on I'll tell you what's going on - Uh Right on baby Right on baby

La musique sublime de Marvin Gaye est liée à son tragique destin. Né le 2 avril 1939 à Washington DC, le soulman forge sa voix dans la paroisse de son père pasteur. A 15 ans, il rejoint le groupe de Doo Wop, The Rainbows, qui compte dans ses rangs le futur grand chanteur soul Don Covay. En 57, il intègre The Marquees, qui enregistrent pour le label Chess. Le groupe est repéré par Harvey Fuqua, mais ce dernier part à Detroit. Marvin l'accompagne. Fuqua travaille avec Berry Gordy et le jeune Marvin fait des sessions pour Motown comme batteur, travaillant avec Stevie Wonder ou Smokey Robinson. Son mariage en 1961 avec Anna, une des sœurs de Berry Gordy, coïncide avec l'année de la signature de son premier contrat. Ses premiers titres sont des ballades jazzy mais on le persuade d'opter pour le rhythm'n'blues, ce qu'il fera avec son premier hit single, "That Stubborn Kinda Fellow" en 62, accompagné par Martha & The Vandellas (pour qui il co-écrira plus tard "Dancing In The Street"). En 1965, Marvin, à l'image de son jeune camarade de label Stevie Wonder, commence à vouloir prendre son autonomie créatrice au sein de l'usine à numéros un des charts R&B. Avec "I'll Be Doggone" et "Ain't That Peculiar", on découvre le nouveau son de Marvin Gaye. Etant donnée son image d'homme à femmes, de séducteur nonchalant, Motown fait chanter Marvin avec quelques-unes des "sirènes" soul du label : Mary Wells, Kim Weston ( jusqu'en 67 ) et Tammi Terrelldeviennent ses partenaires de duos pour la plupart écrits par un autre duo, Nicholas Ashford et Valerie Simpson. Jusqu'en 68, ce type travail en duo prend le dessus, mais avec la chanson écrite par Norman Whitfield et Barrett Strong I Heard It Through The Grapevine, le retentissement est énorme et Marvin s'impose comme l'un des hommes forts de la Motown. Les tubes s'enchaînent ( "Too busy thinking about my baby"), mais la mort de Tammi Terrell au terme d' une longue maladie dévaste littéralement le chanteur. Durant un an, il disparaît et se terre chez lui. Quand il réapparaît, il a sous le bras des créations révolutionnaires, qui effraieront les décideurs de son label. On lui refusera de les enregistrer ! Il s'agit pourtant des maquettes de What's Going On ?, l'album qui changera le cours de la musique, et continue à influencer les plus grands artistes trente ans après sa conception ! Mercy Mercy Me (The Ecology) et Inner City Blues (Makes Me Wanna Holler) sont devenus des standards, mille fois repris et samplés par soulmen et rappers. En 72 sort la musique du film Trouble Man , dont un des instrumentaux deviendra près de vingt ans plus tard la musique d'un rap d'IAM et du Monde De Demain des NTM. Let's Get It On en 73 est un album sensuel et très personnel, qui coïncide hélas avec une radicalisation de l'usage de la cocaïne par Marvin, développant sa paranoïa et l'incitant à accorder une place démesurée à sa vie personnelle, qu'il met désormais en scène sur disque de façon quasi obsessionnelle. Le divorce d'avec sa femme Anna Gordy, après 14 ans de vie commune, donne lieu à un jugement pour le moins original : le juge ordonne que les royalties de son prochain album soient versées à son ex-femme. Marvin se déclare en banqueroute et signe l'inégal mais audacieux Here, My Dear en 79. Un disque si personnel et intime qu'Anna tentera de l'attaquer pour ingérence dans son intimité ! Le second mariage de Marvin avec Janice (qui le quittera pour le chanteur Teddy Pendergrass) est un échec, et la pression monte autour du chanteur, désormais débordé par ses problèmes avec la drogue et le fisc. L'album qu'il met alors en chantier ne verra pas le jour: Lover Man est annulé après l'accueil plutôt tiède réservé au single "Ego Trippin Out" . En 1980, traqué par le fisc américain, le chanteur vient s'installer à Ostende en Europe et commence à travailler sur un nouveau concept album ambitieux, In My Lifetime. L'album sort en 81 mais il est à la source d'un contentieux entre l'artiste et son label, accusé d'avoir altéré le message du soulman en remixant certains titres et en modifiant la couverture du disque. En 82, Marvin signe chez Columbia à un moment où sa crédibilité est au plus bas. Sa consommation effrénée de cocaïne effraie le biz, mais c'est pourtant un chef-d'œuvre qui sera son chant du cygne: "Sexual Healing", en 82, est un tube certifié et l'album qui l'accompagne ( Midnight Love) remet Marvin Gaye en selle. L'usage d'une boîte à rythmes et d'un certain minimalisme dans les arrangements donnent l'impression d'un nouveau départ. Mais la dépression est là, accentuée par la coke qui coule à flots. Marvin parle de suicide. Dépressif au dernier stade, il ne parvient plus à enregistrer normalement. Le 1er avril 84, après une dispute plus violente que les autres avec son pasteur de père, (qui ne tolère plus les frasques de son fils), Marvin se fait tuer par son géniteur qui lui tire dessus à bout portant au domicile familial. En 85, l'album posthume Dream Of A Lifetime, conçu par Motown en collaboration avec Columbia, mélange sa soul des seventies avec des chansons funk des eighties. Le temps et les multiples et souvent excellentes compilations, ont prouvé que Marvin, loin d'être oublié après son tragique décès, est devenu une icône de la musique contemporaine, cité en exemple et en référence par des artistes aussi divers que D'Angelo, Terence Trent D'Arby, Madonna (qui en reprit un titre), Massive Attack ou Bob Dylan.